Jeudi 29 mai 2025 à ROZVEN, Saint-Coulomb
Aurélie et Pierre-Emmanuel Poujardieu, coproducteurs de cette manifestation, nous accueillent au Domaine de Rozven dans ce lieu prestigieux, historique, face à la mer, la Maison des Dunes, ayant appartenu à l’écrivaine Colette entre 1910 et 1926.
à 17h00 : Colette et la musique
Conférence de Frédéric Maget, président de la Société des Amis de Colette
La Colette aux mille visages… romancière, journaliste, mais aussi danseuse, mime, et mélomane !
Chez Colette, la musique est partout, et ce, dès l’enfance. « Elle était musicienne, comme ses frères et sœurs. Dans le salon de sa maison natale se trouvait le piano sur lequel tous les enfants ont appris à jouer. D’ailleurs son frère aurait, d’après elle, pu avoir une carrière de virtuose. » Colette, femme de lettres, continuera à jouer du piano tout au long de sa vie, mais dans le plus grand secret.
Elle se marie avec « Willy », célèbre critique musical qui, sous le pseudonyme « l’ouvreuse du cirque d’été », « faisait la pluie et le beau temps dans le monde musical de la fin du XIXe siècle et au tournant du XXe siècle ». A ses côtés, Colette découvre la musique orchestrale et fréquente assidûment les salles de concerts, notamment les Concerts Colonne et les Concerts Lamoureux. Son mari lui ouvrira également les salons musicaux de l’époque entre autres ceux de Marguerite de Saint-Marceaux et de la princesse de Polignac, où elle noue des amitiés avec les grands compositeurs de son temps, Claude Debussy, Gabriel Fauré, ou encore Maurice Ravel pour qui elle écrit le livret de son célèbre opéra « L’Enfant et les sortilèges ».
- à 19h00 : Présentation par Didier Puntos, directeur musical
à 20h30 : L’Enfant et les Sortilèges
Fantaisie lyrique en deux parties de Maurice RAVEL (1875-1937)
Sur un livret de COLETTE (1914), créée le 21 mars 1925 à l’Opéra de Monte-Carlo. Arrangement pour flûte, violoncelle et piano à quatre mains de Didier Puntos
[…] Il fallait arrêter la composition d’une formation dont l’originalité empêche l’oreille d’écouter en référence à la version orchestrale, et dont la richesse en timbres puisse restituer la diversité de l’écriture ravélienne. Pourquoi, alors, ne pas mélanger trois modes de jeux instrumentaux bien distincts : le souffle, avec la flûte (également piccolo, flûte en sol ou flûte à coulisse selon les besoins), l’archet, avec le violoncelle et, enfin, le clavier dont l’infinie complexité permet de créer l’impression de masses, de volumes, mais aussi de styliser l’âpreté d’une percussion, le cristallin d’une harpe ou la brillance d’un cuivre ? Le reste n’est plus que jeu, jeu d’écriture bien sûr : jeu des quatre mains qui s’emboîtent ou se croisent, jeu sur la combinatoire quasi-illimitée d’un tel quatuor, jeu sur la couleur, jeu dans l’espace […].
Note d’intention de Didier Puntos pour la création en 1989 à l’Opéra de Lyon, suite à la commande qui lui avait été faite par l’Atelier lyrique.
L’œuvre
- Première partie : La maison
Dans une vielle maison normande, un enfant peine à faire ses devoirs. Pris d’un accès de colère, il est puni par sa mère. Le voilà qui s’en prend à tout ce qui l’entoure. Il renverse et brise la théière et les tasses, met en pièces ses livres, tire la queue du chat et menace l’écureuil en cage, déchire le papier peint avec le tisonnier, terrorisant les personnages imprimés. Il ouvre alors l’horloge comtoise pour se suspendre au balancier qu’il arrache. À bout, il tente de s’asseoir dans le fauteuil qui, prenant vie, recule. Et ce n’est que la première réaction de tous les éléments qui l’entourent ! Devenus vivants, à leur tour, ils s’animent dans un ballet infernal. Le fauteuil invite la bergère Louis XV, les autres sièges lèvent bras et pieds pour affirmer qu’ils ne veulent plus de l’enfant. La comtoise n’a de cesse de sonner en se plaignant de douleurs au ventre. La tasse entame avec la théière une danse endiablée, le feu sort de l’âtre et vient taquiner le garçon. Depuis les lambeaux du papier peint, la pastoure, le pâtre, les moutons, le chien, la chèvre et d’autres encore, se rient de lui en se plaignant de leurs histoires qui s’arrêtent si brusquement. Sortie quant à elle d’une page arrachée d’un livre, une princesse lui fait part de tout ce qu’il a détruit. Apparaît un petit vieillard qui égrène sa comptine et embrouille le garçon dans ses nombres et ses tables de multiplication. Les chiffres renchérissent à leur tour. L’enfant, terrorisé s’effondre. C’est le duo d’amour du chat et de la chatte qui le réveille.
- Deuxième partie : Le jardin
Sous la lueur de la lune, l’enfant entre dans le jardin où le cauchemar continue. Un arbre se plaint de la blessure que lui a faite un jour l’enfant avec son canif volé. Le chœur des autres arbres eux aussi se plaignent des mauvais traitements subis. Surgissent une libellule toujours à la recherche de son amie… épinglée sur le mur, des chauves-souris en deuil de la perte d’une des leurs, une rainette qui s’en mêle. Et d’autres bêtes encore qui se ruent sur l’enfant pour se venger de sa cruauté. C’est à qui s’en prendra à lui avant les autres. Dans la bataille, un petit écureuil est blessé et l’enfant va le panser. Les animaux, à la vue de la bonne action, se calment, rendent l’enfant à sa mère. Le voilà pardonné.
- L’Enfant : Flore Royer
- La mère, La Libellule, La Tasse, Le Pâtre : Madeleine Bazola-Minori
- La Bergère La Chatte, l’Ecureuil : Margaux Loire
- Le Fauteuil, L’Arbre : Félix Merle
- La Théière, L’Arithmétique : Tsanta Ratianarinaivo
- Le Feu, la Chouette, la Pastourelle, le Rossignol : Anne-Laure Hulin
- La Princesse, la Chauve-souris : Marie Ranvier
- L’Horloge, Le Chat : Paul-Louis Barlet
- La Reinette : Jean Gloire Nzola Ntima
- Flûte : Alexane Faye
- Violoncelle : Alexandre Frochot
- Piano : Emmanuel Mercier – Didier Puntos
Cocktail à l’issue de la représentation.